Hors série
Planète - Terre 37
Date - 1897
Il était minuit passé, le vent se levait, apportant avec lui le parfum humide de la terre, tandis que la lune, pleine, jetait un voile argenté sur la forêt, ses rayons dansant à travers les branches tremblantes sous la caresse de la brise. Staraus, dissimulé dans l’épaisse broussaille, ses sens aux aguets, attendait avec une patience féline. Elle apparut tel une lueur de lumière dans l’obscurité, se frayant un chemin à travers le sentier bordé de hautes herbes, chacun de ses pas précipités faisant bruire les feuilles sèches sous ses pieds.
Vêtue d'une robe blanche, les épaules nues, bras croisés sur sa poitrine dans une tentative vaine de se réchauffer, ses cheveux blonds flottaient au gré du vent. À l'instant où ses yeux se posèrent sur la femme, un orage d'émotions contradictoires éclata en Staraus. Une partie de lui, primitive et féroce, le pressait d'agir, tandis qu'une nouvelle sensibilité, douce et inattendue, le retenait, le plongeant dans un conflit intérieur déchirant. “Qu'est-ce qui m’arrive ? Elle n'est qu'une proie comme les autres”, pensa-t-il. Mais une voix inhabituelle murmurait en lui : “Non, quelque chose est différent cette fois-ci.”
Il resta là un moment, immergé dans ses pensées. L'air semblait plus lourd que d'habitude, chargé d'une tension prémonitoire, rompant la tranquillité habituelle de la forêt nocturne.
Soudain, un cri perçant et terrifiant déchira le silence nocturne. Pris de panique, Staraus se précipita vers l'origine du cri, pour découvrir avec horreur une bête grotesque dévorant les entrailles de la jeune femme. Une rage féroce s'empara de lui, venant d’une source inconnue et le propulsant dans l’action sans hésitation. Dans un élan d'agilité et de rapidité, il bondit sur la créature, lacérant son dos de ses ongles acérés. “Je ne laisserai pas cette abomination s'en tirer, elle n’était pas pour toi”, rugit-il intérieurement, animé par une fureur inexplicable. L'impact de ses griffes fut si précis et puissant que les os de sa colonne vertébrale apparurent, le silence de la nuit sembla s'intensifier un instant, comme suspendu à la violence soudaine de l'acte.
Elle hurla au loup et se retourna, laissant apparaître sa gueule béante, ses dents aiguisées et maculées du sang de sa victime. Désormais face à face, un combat destiné et deux ennemis naturels.
L'hybride chargea Staraus, au moment propice il effectua une esquive sur la droite, et lui asséna un coup de talon avec souplesse et fougue lui brisant l’avant-bras gauche. Il sentit une douleur lancinante sur son flanc droit, les griffes de la bête lui ayant arraché une côte. “Qu'est-ce qui me prend ? J’aurai dû voir ce coup… il est bien plus rapide que ses congénères, je dois me concentrer”.
Le vent balayait la poussière et les feuilles dans un silence pesant et chargé de tension.
Maintenant à égalité, leurs corps hurlant de douleur, ils savaient pertinemment que le prochain coup serait fatal et un seul s’en sortirait. Les yeux de Staraus se mirent à miroiter rouge écarlate, la bave coulait abondamment de la bouche de l’immonde créature poilu.
Staraus fit le premier pas en sa direction et la bête suivit, tous deux s’élançant, remplis de rage meurtrière. L’impact fit vibrer l’air, debout, l’un à côté de l’autre et immobile. Une tête roula au sol, laissant apparaître ses innombrables dents, tandis que Staraus crachait une giclée de sang et finissait à genou, vainqueur mais gravement blessé par le dernier coup de son adversaire.
Haletant, il se retourna pour regarder la jeune femme sans vie. Autour d'elle, imprégnée dans le sol forestier, une tache sombre s'était formée. “Pourquoi est-ce que je ressens ce poids sur mon cœur ?” pensa-t-il, son regard fixé sur elle. La douleur dans sa poitrine semblait rivaliser avec celle de ses blessures, un tourment silencieux mais dévorant. Il se mit à ramper sur une jambe, jusqu'à se hisser à ses côtés.
Avec effort et douleur il suspendit sa main recouverte de son propre sang au-dessus de sa bouche entrouverte. Quelques gouttes tombèrent, sombres et épaisses, se mêlant à la pâleur de ses lèvres. Sa tête tourna, sa vision devint floue et il s’écroula au sol. Alors que la conscience le quittait, il ne put s'empêcher de se demander : “Est-ce qu'il est déjà trop tard ? Mon sang agira-t-il assez vite ? Si tel est le cas, vais-je la sauver ou la condamner ?
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