Hors série - Partie 3
Planète : Terre 22
Date : 996
Altorn se dirigea vers la forêt d’Emerald, muni d’un sac à bandoulière en cuir, dans lequel il avait soigneusement emballé le grimoire. La brume matinale enveloppait les arbres, et chaque pas qu’il faisait était accompagné des murmures de la forêt. Il sifflotait un ère mélodieux. Sur un chemin de terre, la poussière s'élevait à chaque pas de ses bottes noires. La forêt, bien que majestueuse, dégageait une aura mystérieuse qui faisait frissonner le dos du jeune homme.
Sous le soleil de midi, il découvrit une clairière où trônaient de majestueux oliviers. Au cœur de ce havre, une cabane au toit de chaume abritait le sage Feldon. Une fumée s'élevait de la cheminée, signe de sa présence. La végétation luxuriante autour témoignait de son expertise en botanique et en potions. Sans hésiter, il frappa trois fois à la porte.
- Altorn ! Quelle surprise de te voir ici ! s'exclama-t-il avec un large sourire.
- Oncle Feldon ! Je suis content de te voir, lui dit-il en l’enlaçant chaleureusement.
- Entre, mon garçon, entre. Il y a longtemps que nous ne nous sommes pas vus.
Altorn pénétra dans la cabane, découvrant un intérieur chaleureux et accueillant. Des étagères remplies de livres, de parchemins et de fioles étaient disposées un peu partout. Au centre de la pièce, une table en bois était recouverte d'ingrédients divers, témoignant de ses expériences récentes. Ils s’assirent et échangèrent quelques souvenirs du temps où son père était encore parmi les vivants, c’étaient des amis de longues date.
- Bien, si tu es ici c’est que tu as quelque chose à me demander, mon enfant. Qu’en ai t-il ?
- J’ai quelque chose d’important à te montrer, commença-t-il. Feldon leva un sourcil intrigué, invitant son jeune ami à poursuivre.
- J’ai mis la main sur un mystérieux grimoire et j’aimerais que tu l'étudies. Je crois qu’il a un lien avec cette Tour.
Tout en déballant le codex, le vieux sage écoutait attentivement, les yeux rivés sur le livre. Il le prit, l’observant avec précision et minutie. Après quelques instants, il confirma son origine et son authenticité.
- Il émane quelque chose d’étrange de ce livre. Ce qui est encore plus mystérieux, ce sont les pages blanches. Comme s' il était protégé par de la magie. Comment te l'es- tu procuré ?
- Il est arrivé dans une livraison de dons pour l’école que j’ai construite. Je me demande encore comment il a pu se retrouver là.
- Trop de coïncidence, sois prudent. Qui sait qui d’autre pourrait vouloir décrypter ce codex.
Altorn hésita un instant, puis dit :
- Il y a autre chose, oncle Feldon. J'ai fait un rêve étrange la nuit dernière. Dans ce rêve, une femme m'est apparue, une femme que je crois être la sorcière dont parle les histoires. Elle ne m'a rien dit, elle m'a juste regardé avec une expression mélancolique, comme si elle voulait me montrer quelque chose ou me dire quelque chose.
Le vieux sage fronça les sourcils, pensif et hésitant.
- C'est intrigant. Les rêves peuvent parfois être des messages ou des signes. À priori elle essaie de te contacter à travers tes rêves.
Altorn acquiesça.
- C'est ce que je pense aussi. Mais pourquoi moi ? Et pourquoi maintenant ?
Feldon réfléchit un moment.
- Ce grimoire se révèle être une pièce maîtresse d’une époque lointaine, une époque où peut-être, une forme de magie subsistait encore. En l'ayant en ta possession, tu as probablement établi une sorte de connexion avec elle.
Le jeune historien regarda le grimoire, pensif.
- Je veux en savoir plus. Je veux comprendre ce qui se passe. Existerait-il un moyen de contacter la sorcière ?
L’oncle hocha la tête.
- Oui, je connais peut-être un moyen. J'ai une potion qui pourrait te permettre d'entrer à nouveau dans ce rêve, mais de manière plus lucide, pour interagir et comprendre les événements. Je la tiens d’un de mes voyages chez les tribus indigènes, des personnages remarquables qui utilisent cela afin de contacter leurs défunts.
Altorn releva les yeux, intrigué.
- Et ça marche ?
Il sourit.
- Il n'y a qu'une seule façon de le savoir.
Dès qu'il ingéra la potion, sa vision devint floue, puis tout s'assombrit.
Il se retrouva soudainement dans un paysage onirique, où le ciel était d'un bleu profond parsemé d'étoiles scintillantes.
La femme mystérieuse apparut devant lui, ses yeux emplis d'une tristesse infinie.
- Suivez-moi, murmura-t-elle, sa voix douce comme une mélodie lointaine.
Altorn la suivit et fut transporté dans un souvenir. Il se trouvait dans une prairie verdoyante, où la sorcière et le Gardien se tenaient main dans la main, échangeant des regards emplis d'amour et de complicité. Ils riaient, dansaient, et le monde autour d'eux semblait s'effacer, ne laissant que leur bonheur pur.
Mais le paysage changea brusquement. Altorn se retrouva dans le centre du village, où le chef, un homme imposant aux traits durs, faisait ostensiblement la cour à la sorcière. Elle, cependant, le repoussa fermement, son regard déterminé. Furieux, le chef s'approcha d'elle et murmura d'une voix menaçante :
- Tu le regretteras amèrement.
Le décor changea à nouveau, et Altorn se retrouva témoin d'une scène déchirante. La sorcière et le Gardien étaient face à face, une tension palpable entre eux. Elle tentait désespérément de lui expliquer, les larmes aux yeux, mais le Gardien, blessé et en colère, ne voulait rien entendre. Soudain, le chef du village apparut, brandissant l'artefact brillant. Avec un rire cruel, il l'activa, et une lumière aveuglante jaillit, en direction du Gardien.
Quand la lumière se dissipa, il gisait au sol, sans vie.
- Non ! Cria-t-elle.
Elle s'agenouilla à ses côtés, pleurant. Le chef, satisfait, prononça une incantation, maudissant l'âme du Gardien pour l'éternité.
Altorn, impuissant, ressentit toute la douleur et la trahison de ce moment. Il voulait crier, intervenir, mais il ne pouvait que regarder.
Puis, tout s'estompa, et il se réveilla, haletant.
Feldon, voyant son état, se précipita à ses côtés, lui tendant un verre d'eau.
- Respire. Respire profondément, murmura-t-il, essayant de le calmer.
Après quelques minutes, il retrouva son souffle et raconta tout ce qu'il avait vu, chaque détail, chaque émotion. Le vieil homme écouta attentivement, son visage devenant de plus en plus grave à mesure qu'Altorn parlait.
- Ce que tu as vu... c'est plus qu'un simple rêve. C'est un fragment du passé, une partie de l'histoire de cette femme et du Gardien, dit-il d'une voix grave.
Altorn hocha la tête,
- Je le sais, oncle Feldon. Et je dois savoir où se trouve l'artefact et je dois comprendre pourquoi elle m'a montré tout cela.
Il posa une main rassurante sur son épaule.
- Tu as du courage, mon garçon. Mais pour l'instant, je te conseille de rentrer chez toi et de réfléchir à tout cela. Les réponses viendront en temps voulu. Il me semble avoir déjà lu quelque chose sur les visions empathiques, je vais chercher dans mes vieux bouquins. Reviens demain et je te dirai si j’ai trouvé des informations.
Il acquiesça, se levant lentement.
- Merci, oncle Feldon. À demain.
Tandis qu'il s'éloignait de la cabane en direction de la forêt, une chouette blanche surgit, se posant sur une branche proche de lui. Elle le fixa de ses grands yeux jaunes, presque comme si elle le reconnaissait.
Le jeune historien s'arrêta, captivé par le regard intense de l'oiseau. Elle hulula doucement, puis s'envola, disparaissant au loin, dans le crépuscule.
Il resta immobile, une sensation étrange l'envahissant. Était-ce un autre signe ? Les détails de la chouette lui rappelèrent soudainement celles sculptées sur la table de sa bibliothèque. Était-ce un simple hasard ou y avait-il un lien plus profond ?
La tête pleine de pensées, il poursuivit sa route, impatient de partager ses découvertes avec Henrietta. Les questions et les réponses ne faisaient que tourner autour de lui. Est- ce que la table avait un secret encore inconnu à sa connaissance ?
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