Hors série - Partie 1
Planète : Terre 22
Date : 996
Niché au cœur des montagnes, à l'époque médiévale, le village est dominé par une tour imposante qui sème le tumulte et l'angoisse parmi ses habitants. Cette présence oppressante ne leur laisse aucun répit. Altorn Barne, jeune historien originaire d'une ferme paisible de Bravkillion, brûle d'une détermination inébranlable : percer le mystère de la malédiction qui assombrit la cité.
En effet, depuis sa tendre enfance, il a toujours connu ce tourment qui assaillait son village. Il faisait des recherches dans sa chambre, étudiant de nombreux récits et ouvrages de la bibliothèque familiale. Il descendait d'une grande famille d'érudits du côté de son père et de fermiers du côté de sa mère. Dans cette grande demeure de maître, les connaissances de cette bibliothèque remontaient à plusieurs centaines d'années.
Altorn caressa la table en épicéa, admirant ses bordures arrondies. Sur ses pieds, des chouettes étaient finement sculptées, leurs yeux paraissant presque vivants. Elle avait traversé les générations de sa famille. Elle portait les marques de nombreuses heures d'étude et de réflexion. Elle était remplie de parchemins et de bouquins, parmi eux un livre lui suscita un fort intérêt. Il l'ouvrit et vit que toutes les pages étaient blanches. Sur la couverture carmin, entourée d'une reliure dorée, était inscrit : "Le blanc doit être encré". Il poussa un soupir et se détendit au fond de sa chaise en bois.
Après tout ce temps, je n'ai absolument rien trouvé en rapport avec cette foutue tour, pensa Altorn. Son regard se posa de nouveau sur le manuscrit. En voyant les pages blanches, il entreprit d'écrire quelques idées, puis fut pris d'une spirale abondante d'inspiration et ne s'arrêta plus d'écrire.
La fenêtre qui éclairait la table d'un épais rayon de poussière vacillait entre le lever de soleil et les rayons de la lune. Le jour et la nuit se succédaient sans qu'il y prête attention. Après quelques instants, il leva sa plume de la feuille et s'arrêta d'écrire.
Épuisé, il se dit :
- Il est temps que je dorme, je suis à bout de forces.
Il s'enfonça dans sa chaise, les mains derrière la tête et observa la pièce. Une épaisse couche de poussière recouvrait tout, des livres et parchemins sur la table aux marches de l'escalier en colimaçon menant à l'étage. Même le parquet en noyer brun foncé et la cheminée étaient recouverts.
- C'est étrange. Henrietta a nettoyé cette pièce ce matin. Comment autant de poussière a-t-elle pu s'accumuler en si peu de temps ? pensa-t-il.
Avant qu'il puisse approfondir cette pensée, une lourdeur envahit ses paupières et il s'assoupit lentement.
Dans son rêve, il se trouvait au cœur d'un désert implacable. Chaque grain de sable brûlant semblait s'enfoncer dans sa peau, faisant perler la sueur sur son front. Des murmures lointains, presque insaisissables, flottaient dans l'air, entrecoupés de cris étouffés. De l'horizon indistinct, une silhouette émergea : une femme à la chevelure d'or et au teint diaphane. Ses yeux, d'un bleu abyssal, fixaient le jeune homme avec une intensité presque hypnotique.
"Altorn Barne", souffla-t-elle d'une voix qui semblait venir de partout et de nulle part à la fois. Elle se rapprochait inexorablement, chaque pas résonnant dans le cœur d'Altorn. Mais juste avant que leurs mains ne se touchent, il fut brusquement arraché à ce monde onirique, se réveillant avec un sursaut, le visage humide et le souffle court.
Il entendit des pas précipités approcher. La porte s'ouvrit sur Henrietta, son visage marqué par la préoccupation.
- Monsieur Barne, enfin ! Vous m'avez tellement inquiétée. Vous étiez enfermé ici depuis... bien trop longtemps, dit-elle, cherchant ses mots.
Altorn, encore désorienté, répondit :
- Je ne comprends pas, Henrietta. Il me semblait être ici que depuis hier soir.
Elle leva les yeux au ciel.
- Monsieur, vous étiez isolé pendant cinq jours entiers ! J'ai failli appeler à l'aide.
- Cinq jours ? il sentit son cœur s'accélérer. Mais comment ?... Je ne me souviens que d'avoir ouvert ce vieux tome et...
Henrietta suivit son regard vers les reliures écarlates.
- Ce livre... Il est arrivé avec une livraison de don il y a quelques jours. Je n'aimais pas son allure, quelque chose d'étrange émane de lui.
Se rapprochant de la fenêtre pour regarder la tour, une idée germa : peut-être y avait-il un lien avec la tour.
Altorn, se reprenant, dit :
- Je ne sais pas encore ce qui s'est passé, mais je suis sûr qu'il y est pour quelque chose. Pour l'instant, j'ai besoin de reprendre mes esprits. Pourriez-vous m'apporter un thé, s'il vous plaît ?
- Bien sûr, monsieur. Je vous l'apporte tout de suite, répondit Henrietta, mais évitez d'ouvrir ce livre, je pourrais me fâcher.
Altorn, les yeux fixés devant lui, pensait à la femme de son rêve. Il sentait une connexion profonde entre lui, la tour et ce mystérieux ouvrage.
- Quand j'ai commencé à écrire entre ces pages, il était mardi 7 mars et quand j'ai arrêté d'écrire, la poussière était déjà accumulée. Henrietta m'a confirmé que cinq jours se sont écoulés depuis que je suis entré dans cette pièce. Nous sommes donc le 12 mars. Je peux en déduire que ce livre a eu un effet sur le temps qui s'est écoulé. Se pourrait-il que ce soit le grimoire légendaire de la sorcière ?, murmura-t-il.
À suivre…
Imaginé et écrit par Kint
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