Édition spéciale : Les Vadrouilleurs
Planète - Inconnue
Date - Inconnue
Dans la ville de Valombreuse, entourée par des montagnes, le commissariat local abritait des inspecteurs aussi inattendus que mésestimés. Léo, aux cheveux ébouriffés et Zack avec son regard fatigué, formaient une paire d'enquêteurs non conventionnels. Ils étaient surnommés par leurs collègues "les Vadrouilleurs" pour leur tendance à se retrouver dans les affaires les plus étranges et invraisemblables de la ville.
Leur réputation au sein du commissariat était un mélange de moquerie et d'admiration à contrecœur. Résolvant les cas les plus bizarres, ils avaient gagné une sorte de célébrité à mi-chemin entre le mythe urbain et la blague de bureau. Leur chef, le robuste et pragmatique Gregor, oscillait entre exaspération et amusement face à leurs méthodes peu orthodoxes. "Encore une affaire pour les Vadrouilleurs," soupirait-il souvent, en glissant sur leur bureau des dossiers que les autres évitaient comme la peste.
Ce jour-là, un jeune garçon aux yeux écarquillés et à la voix tremblante fit irruption au commissariat. Il semblait tout droit sortir d'un livre d'aventures pour enfants, avec son bonnet de laine enfoncé jusqu'aux yeux et ses joues rougies par le froid.
- Inspecteurs Léo et Zack ? balbutia-t-il, les yeux remplis de désespoir. J'ai besoin de votre aide... C'est à propos de mon chat, Kanette.
Léo leva un sourcil, intriguée, tandis que son coéquipier, plus pragmatique, l'invitait à s'asseoir.
- Que se passe-t-il avec Kanette ? demanda-t-il avec une douceur inattendue.
- Hier soir, mon chat a été... a été attaqué par un bonhomme de neige ! déclara-t-il, les yeux baissés.
- Tu es sûr ? demanda Léo, son esprit déjà en train de tisser des hypothèses.
- Oui ! J'ai vu... enfin, j'ai entendu Kanette miauler dehors, et quand je suis allé voir, il y avait un bonhomme de neige qui... qui bougeait. Et Kanette avait disparu !
- Nous allons jeter un coup d'œil. Peux-tu nous montrer où ça s'est passé ? termina Zack en se levant.
Le chef, ayant entendu une partie de la conversation depuis son bureau, secoua la tête :
- Léo, Zack, vraiment ? Un bonhomme de neige ? Il ne put s'empêcher de sourire malgré lui. Allez-y, voyez ce que c'est. Mais essayez de ne pas faire fondre toute la neige de la ville en enquêtant.
Avec un mélange d'excitation et d'appréhension, les deux Vadrouilleurs se mirent alors en route. Arrivés sur les lieux, ils se garèrent non loin du champ indiqué par l’enfant. Le ciel, d'un bleu pâle, promettait une journée claire mais froide. Devant eux s'étendait un large champ recouvert d'une épaisse couche de neige, parsemé de bonshommes de neige, chacun différent, certains avec des sourires de cailloux, d'autres coiffés de vieux chapeaux élimés.
Léo sortit de la voiture, suivie de près par son partenaire. Ils s'avancèrent prudemment dans le champ. Les bonshommes de neige, silencieux, semblaient les observer de leurs yeux de charbon. Ils se séparèrent pour couvrir plus de terrain. Zack examinait les structures, vérifiant s'il y avait des mécanismes cachés ou des fils. Son binôme, quant à lui, cherchait des empreintes quelconques.
- Rien d'inhabituel ici, murmura Zack en examinant un bonhomme de neige au sourire tordu.
- Regarde ça ! On dirait des sortes de glissements, comme si certains de ces bonshommes avaient été... déplacés.
- Tu penses à quoi ? Quelqu'un les aurait bougés pour effrayer le petit ?
- Peut-être... ou quelque chose d'autre, répondit Léo. Il savait que dans une ville comme Valombreuse, l'explication la plus logique n'était pas toujours la bonne.
Leur attention fut soudain attirée par un bruit étrange, un craquement discret venant de la lisière du champ. Ils se tournèrent pour apercevoir une ombre fugitive se glissant entre les arbres de la forêt voisine. Intrigués et pensant qu’il y ait un lien avec l’affaire, ils se précipitèrent vers la lisière, poursuivant la chose en se faufilant entre les branchages. Les Vadrouilleurs avançaient avec prudence, leurs sens aux aguets. Au-dessus de leur tête, les arbres nus formaient une voûte protectrice, leurs pas sur le tapis de neige étant le seul son dans cette tranquillité. Les ombres qui s'allongeaient ajoutaient une touche de mystère à l'atmosphère déjà tendue. Léo, toujours en tête, s'arrêta brusquement, pointant du doigt des empreintes dans la neige, qui menaient plus loin dans les bois.
- Regarde, des traces... Elles sont trop grandes pour être celles d'un animal.
- On dirait des... empreintes de bottes ? Mais elles sont étrangement déformées, dit Zack examinant les marques
Les deux inspecteurs suivirent la piste, guidés par leur curiosité et leur désir de résoudre le mystère. Ils arrivèrent à une clairière où ils découvrirent un cercle de pierres anciennes, au milieu duquel trônait un autel couvert de symboles énigmatiques.
- Ah, je crois qu’on poursuivait une biche. Je l’ai vue fuir furtivement.
- Il y a plus important, regarde, c'est un pentacle, murmura Zack, reconnaissant les signes occultes. On dirait qu'on a affaire à quelque chose de plus... mystique.
- Cela pourrait expliquer les bonshommes de neige. Une sorte de rituel… Tiens, cela me rappelle une ancienne légende de la ville ; une vieille histoire de Valombreuse que mon grand-père me racontait : 'il y a longtemps, un sorcier utilisait la neige pour donner vie à ses créations, les utilisant pour protéger ou attaquer, selon son désir.
- Oui j’en ai entendu parler. Alors cette légende serait réelle… Finit Zack dubitatif.
De retour au champ, les Vadrouilleurs examinèrent à nouveau les bonshommes de neige, cherchant des indices supplémentaires. C'est alors qu'ils remarquèrent quelque chose d'étrange : l'un des bonshommes de neige avait changé de position.
- Tu es sûr qu'il était tourné comme ça tout à l'heure ? demanda Léo, la suspicion dans la voix.
- Non, il était dans l'autre sens, répondit Zack, son regard se durcissant. Regarde, un petit objet brillant.
- On dirait une amulette, dit Léo en la sortant délicatement.
Tandis que le soleil commençait à se coucher, une atmosphère de tension s'installait. Les Vadrouilleurs se sentaient désormais observés, non seulement par les bonshommes de neige, mais aussi par quelque chose d'invisible et de bien plus menaçant.
- Nous devons rester ici jusqu'à la tombée de la nuit, proposa Léo. Si ces bonshommes de neige sont réellement animés par quelque chose, on le verra mieux sous l'obscurité.
Zack hocha la tête en signe d'approbation. Ils se préparèrent, se cachant près de la lisière de la forêt, leurs yeux fixés sur le champ. Lorsque l'obscurité enveloppa complètement le paysage, un air glacial se leva, faisant frissonner Léo. Soudain, un mouvement attira leur attention. L'un des bonshommes de neige, le plus éloigné, semblait… bouger. Au début, ses mouvements étaient subtils, à peine perceptibles, comme si une brise légère le secouait doucement. Mais rapidement, ces petits frémissements se transformèrent en gestes plus prononcés et délibérés, ses bras de branches s'élevant lentement, puis descendant avec une vitesse et une intention étonnante, comme s'il était animé par une urgence
- Tu vois ça ? chuchota Zack, sa main serrant son arme.
- Oui, je le vois. C'est incroyable... Léo ne pouvait détacher son regard de la scène surréaliste. Laisse ton arme de côté, je ne pense pas que cela sera utile face à de la neige.
Ils observèrent, stupéfaits, alors que d'autres bonshommes de neige commençaient à bouger, se tournant vers eux comme s'ils étaient guidés par une volonté propre. L'amulette dans la poche de Léo semblait brûler contre sa cuisse. C'était à ce moment que tout bascula. Les bonshommes de neige se mirent à avancer vers eux, leurs mouvements saccadés et menaçants. Les deux enquêteurs reculèrent, réalisant soudain le danger.
- Que faisons-nous ? cria Zack, cherchant une issue.
- L'amulette ! Elle doit être la clé ! dit Léo l’esprit en action malgré la peur.
Il sortit l'objet, le tenant bien en vue, tandis que Zack, le corps tendu, surveillait attentivement les assaillants. Les bonshommes de neige s'arrêtèrent, comme si l'objet exerçait sur eux une sorte de pouvoir. Un silence pesant tomba alors sur le champ.
Léo, rassemblant son courage, s'approcha du bonhomme de neige le plus proche et, avec une détermination farouche, posa l'amulette contre le corps de neige. Un cri strident, presque inhumain, déchira l'air ; un son qui semblait venir de l'amulette elle-même. Puis l’objet vibra violemment, émettant une lumière aveuglante. Les bonshommes de neige commencèrent à trembler, leurs formes devenant floues et instables.
Soudain, comme si une chaîne invisible avait été brisée, les bonshommes de neige commencèrent à s'effondrer un à un, se désintégrant en tas de neige inerte. Le cri s'estompa, laissant place à un silence libérateur.
Le danger écarté, les Vadrouilleurs reprirent leur souffle, le soulagement et l'étonnement se lisaient sur leurs visages.
- C'était... incroyable, dit Zack, encore sous le choc.
- Une autre énigme résolue par les Vadrouilleurs, sourit Léo, regardant les restes des bonshommes de neige. Mais personne ne va nous croire.
- Nous devrions probablement ramener ce qui reste de cette amulette au commissariat, suggéra Zack, ramassant les fragments de l'objet brisé.
- Oui, et nous devrions vérifier si Kanette est rentrée chez elle.
En retournant à la maison du jeune garçon, ils trouvèrent une scène réconfortante : le chat disparu, était là, frissonnant mais en vie, blotti sur le seuil de la porte. L’enfant, les yeux grands ouverts, accueillit son chat avec des larmes de joie tout en remerciant les inspecteurs. Ils s’échangèrent un sourire satisfait. C'était ces moments, malgré leur réputation d'incompétence au sein du commissariat, qui leur rappelaient pourquoi ils aimaient leur travail.
De retour au poste, ils firent leur rapport au chef Gregor, qui les écouta avec un mélange de scepticisme et d’incrédulité. Léo lui tendit les fragments de l'amulette, insistant sur l’aspect réel de leur péripétie.
- Eh bien, je suppose que si quelqu'un devait tomber sur une affaire pareille, ça ne pouvait être que vous deux. soupira Gregor
Le lendemain, la nouvelle de l'étrange affaire des bonshommes de neige se répandit dans tout Valombreuse, ajoutant une autre légende à la longue liste des mystères non résolus de la ville. Pour le duo de choc, c'était une autre aventure conclue, un autre mystère élucidé, même si personne d'autre ne comprenait vraiment ce qui s'était passé.
Les jours suivant l'incident des bonshommes de neige, la routine reprenait peu à peu son cours au commissariat de Valombreuse.
Alors qu'ils sirotaient leur café matinal dans le bureau encombré qu'ils partageaient, un air de satisfaction se lisait sur leurs visages.
- Il semble que nous ayons gagné un peu plus de respect autour d'ici, remarqua Léo, un sourire malicieux aux lèvres.
- Oui, mais je doute que cela change beaucoup notre quotidien. Il y aura toujours des affaires étranges à Valombreuse, et quelqu'un doit bien s'en occuper, répondit Zack, son ton calme trahissant une pointe d'excitation pour les mystères à venir.
Leur conversation fut interrompue par l'arrivée du chef Gregor, qui leur lança un dossier avec un sourire méprisant :
- Pour nos spécialistes des affaires inhabituelles. Quelque chose me dit que vous allez trouver ça intéressant.
Léo ouvrit le dossier, ses yeux parcourant rapidement les premières lignes. "Une statue qui disparaît et réapparaît dans le parc de la ville ?" Il leva les yeux vers Zack, son enthousiasme évident. Zack haussa les épaules, un sourire se dessinant sur son visage.
Alors que les Vadrouilleurs se dirigeaient vers leur nouvelle enquête, les rues de Valombreuse s'éveillaient sous un ciel clair. La ville, avec ses secrets et ses mystères, semblait les attendre, prête à leur dévoiler sa prochaine énigme. Le duo, plus déterminé que jamais, était prêt à relever le défi, peu importe où cela les mènerait. Bien que leur précédente enquête fût résolue, certaines interrogations demeuraient, persistant dans leurs esprits : À qui appartenaient les traces de pas dans la forêt ? Comment une simple amulette pouvait-elle animer des bonshommes de neige ? Et qui l'avait placée là ? Était-ce pour protéger la ville ou préparer une attaque contre ses habitants ? Des questions qui, peut-être, resteraient sans réponse.
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