Hors série - Partie 4
Planète : Terre 22
Date : 996
Dans une pièce éclairée d'une lumière dorée, des tapisseries illustrent des forêts et des bâtiments. Au centre, une table en épicéa se distingue. Altorn, encore jeune, observe attentivement son père, absorbé par un grimoire.
- Mon fils, dit-il, cette table est le témoin de notre histoire.
Fasciné par les yeux lumineux de la chouette sculptée sur la table, il demanda :
- Pourquoi brillent-ils ainsi ?
- C'est la magie qu'elle renferme, répondit son père.
La vision se transforma, révélant un donjon argenté qui se dressait sous un ciel étoilé. Le Gardien, en armure, dominait la scène, tandis que la sorcière invoquait une force ancienne.
- La tour est notre héritage, murmura le père. Elle lie le Gardien, la sorcière et nous.
Des cris retentirent au loin. Rapidement, le père cacha son fils dans une armoire, lui chuchotant de rester silencieux. Alors que son père s'éloignait, il murmura :
- Père, ne part pas...
La vision se dissipa lentement, et alors qu'Altorn était encore à moitié plongé dans le monde des rêves, une voix familière le ramena à la réalité.
- Monsieur Barne ! Monsieur Barne !
Il ouvrit les yeux pour trouver Henrietta penchée sur lui, son visage pâle éclairé par la faible lumière de l'aube.
- Qu'y a-t-il ? murmure-t-il, encore désorienté.
- C'est Feldon, monsieur. Il est ici, et il dit que c'est urgent.
Il se redressa rapidement, repoussant les couvertures. Rejoignant son vieil ami dans le salon, il avait une expression angoissante sur le visage, tenant un parchemin froissé dans sa main.
- Altorn, commença-t-il, il y a des nouvelles inquiétantes. Plusieurs personnes ont été signalées disparues près de la tour ces derniers jours. Et ce n'est pas tout, la nuit dernière, des villageois affirment avoir entendu des cris venant de l'intérieur.
Il fronça les sourcils, le trouble s'insinuant en lui.
- Des cris? Qui pourrait bien être à l'intérieur ?
le vieil homme secoua la tête.
- C'est ce que nous devons découvrir. Il se peut que des aventuriers ou des pillards veuillent percer son mystère, et en général, ils disparaissent sans laisser de trace.
Le jeune historien se leva, déterminé.
- Nous devons enquêter. Ils ne doivent en aucun cas s'y approcher, tant que la malédiction est présente.
Feldon hocha la tête en signe d'approbation.
- Je savais que je pouvais compter sur toi. Prépare-toi, nous partons dès que possible.
Dans sa précipitation, Altorn s’arrêta devant la porte de la bibliothèque, se rappelant son rêve. Il alla en direction de la table et palpa la tête de la chouette. Il remarqua qu’un œil pouvait s'enfoncer, il pressa les deux yeux et un déclic retentit. Soudainement, le sol sous la table se mit à vibrer doucement. Une section du plancher glissa de côté, révélant une trappe. Altorn, curieux, l'ouvrit pour découvrir une échelle menant à une pièce souterraine.
Descendant prudemment l'échelle, Il se retrouva dans une chambre voûtée. Les murs en pierre ancienne étaient ornés de fresques décolorées par le temps. Des étagères en bois massif, incrustées dans les murs, contenaient des livres anciens, des parchemins et des objets mystérieux, tous recouverts d'une fine couche de poussière. Cependant, au centre de la pièce, sur un piédestal de marbre, reposait un artefact, éclairé par une lumière douce provenant d'une ouverture dans le plafond. Tout dans la pièce semblait diriger le regard vers cet objet, comme si c'était le cœur même de ce lieu secret.
L’historien resta bouche-bée devant la découverte qu’il venait de faire. Alors qu’il commença à l'examiner, Feldon le rejoignit dans la pièce secrète, sa curiosité piquée par la découverte.
- Altorn, murmura-t-il, est-ce bien ce que je pense?
- Oui je le crois.
- Fais attention, on ne connaît pas l’étendue de son pouvoir.
C’est comme si l’artefact l’appelait. Il entendait des murmures provenant de lui. Il approcha sa main pour le saisir, il ne put s’en empêcher. À l’instant où sa main prit l'objet, celui-ci s’illumina d’une lumière éblouissante. Son ami eut à peine le temps de s’exprimer que la lumière les enveloppa tous les deux. Ils furent comme aspirés, ne laissant qu’un bref son aigue.
* * *
À mesure que la lumière s'estompait, ils se retrouvèrent dans un lieu étrangement différent. Les murs de pierre glaciale les encerclaient, créant une ambiance lourde et empreinte de mystère. L'obscurité dominait, ponctuée seulement par quelques faisceaux de lumière s'infiltrant à travers des crevasses dans les murs.
Feldon, reprenant ses esprit dit :
- L’artefact nous a téléportés ici.
- Où sommes-nous ?, rétorqua Altorn, regardant autour de lui avec une expression mêlée d'étonnement et d'inquiétude.
- Dans la tour, répondit-il d’une voix grave.
Encore étourdi, il serra l’objet dans sa main.
- Nous sommes ici pour une raison, cherchons des indices.
Chaque pas résonnait sur le sol de pierre, amplifiant l'ambiance irréelle de la tour. Le silence était presque oppressant, interrompu seulement par le grincement occasionnel d'une porte ou le lointain écho d'une goutte d'eau tombant.
Allumant une torche alors qu’ils progressaient, ils remarquèrent des inscriptions anciennes gravées sur les murs, des symboles étranges et des dessins qui semblaient raconter une histoire oubliée. Le vieil homme, touchant du doigt l'une de ces gravures, murmura quelque chose dans une langue ancienne.
C'est alors qu'ils entendirent un gémissement faible. En suivant le son, ils découvrirent un aventurier blessé, adossé à un mur, le visage pâle et couvert de sueur. Il portait des vêtements déchirés et une épée reposait à ses côtés.
- Aidez-moi, s’il vous plaît...
- Qui êtes-vous ? demanda Feldon, s'agenouillant à côté de l'homme. Vous êtes blessé, laissez moi voir.
- Je m'appelle Cillian… Argh...
- Que diable vous est-il arrivé ? s’exclama Altorn.
L'aventurier toussa faiblement avant de répondre :
- On a entendu parler d’une vieille légende concernant un artefact caché dans cette tour. Avec mes amis, nous avons décidé de partir à sa recherche. Mais en arrivant, des bandits nous ont tendu une embuscade. Ils ont tué mes amis... Un homme au regard mauvais a exécuté Carl sous mes yeux. J'étais pris au piège, mais alors... Un spectre est apparu. Il a commencé à attaquer les bandits, me permettant de m'échapper. Il les a comme absorbés.. Leurs corps sont tombés inanimés, et leurs peaux est devenu fripée. Je croyais que ce n’était qu’une légende. Et ce n'est pas tout, les bougres cherchaient quelqu’un.
- Qui donc ?
- Un certain Barne, je crois.
Altorn serra le poing, déterminé. Ensemble, ils aidèrent l'aventurier blessé à se relever. Puis, d'un commun accord, décidèrent de poursuivre leur exploration malgré les dangers.
L'atmosphère devenait de plus en plus glaciale à mesure qu'ils avançaient dans les couloirs sombres du donjon. Soudain, des cris de lamentations retentirent, résonnant dans les couloirs et amplifiant la tension dans l'air. Prudemment, ils passèrent la prochaine intersection et aperçurent au loin une silhouette.
C'était le spectre, errant, enveloppé d'une capuche bleue. L'ensemble de son être émanait une présence sinistre et menaçante.
Lorsque Cillian laissa échapper un gémissement étouffé, le spectre se tourna brusquement vers eux. Leurs regards furent immédiatement captivés par ses orbites vides qui semblaient sonder les tréfonds de leur être. Une terreur glaciale les envahirent, les poussant à fuir sans réfléchir. Ils se lancèrent dans une course désespérée à travers les dédales tortueux de la tour.
Après une poursuite haletante, ils parvinrent enfin à échapper à l'emprise du spectre et trouvèrent refuge derrière une porte massive, débouchant sur une chambre ancienne.
Profitant de ce court instant de repos, l‘herboriste aida l’aventurier à se poser sur un lit délabré tandis que Altorn barricadait solidement la porte avec planche en bois.
- Laisse-moi voir ta plaie. Le saignement s’est arrêté, dit-il.
Cillian acquiesça en guise de remerciement.
- Cette chambre, je crois que c’est celle du gardien, murmura Barne.
Soudain, une voix retentit :
- Exactement. Un homme surgit de l'ombre, plaçant rapidement un couteau contre la gorge de Feldon. Tu vas me mener au tombeau du gardien, sinon je tue ton ami, menace-t-il avec un sourire narquois et des yeux vicieux.
La menace était immédiate. Qui était cet homme qui tenait la vie de Feldon en jeu ? Le spectre, toujours en liberté, ajoutait à leur péril. Dans cette tour maudite, chaque secret dévoilé semble apporter de nouveaux dangers.
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