Hors série - Partie 5
Planète : Terre 22
Date : 996
Dans la pièce, la tension était palpable. L’homme tenait fermement son couteau sous la gorge de Feldon, l'empêchant de prononcer quoi que ce soit.
- Je ne sais pas de quoi tu parles ! Lâche mon ami ! Sa voix trahissant sa peur.
- Chaque Barne est identique, des conservateurs de mystères et des trompeurs ! Je le jure, je n'aurai aucune réticence à le découper en lambeaux s'il le faut !
- Mais qui êtes vous, bon sang, et quel est ce tombeau ?
- Le tombeau, là où repose le défunt Gardien de la tour. Les membres de ta famille ont longtemps caché ce secret, ce pouvoir. C'est moi qui t'ai envoyé le grimoire, tout menait à cet instant.
- Tout ça pour avoir l’artefact ? s’exclama-t-il, dépassé.
- Oui, il y environ 400 ans, Gideon Barne a volé l’artefact à mon ancêtre Morven Helard. Depuis ce jour, ma famille, guidée par les récits et les connaissances de nos ancêtres, ne cesse de vouloir récupérer ce qui nous a été injustement pris.
Altorn prit quelques secondes pour réfléchir, son cœur battant rapidement dans sa poitrine, un mélange d'anxiété et de détermination le remplissant alors qu'il se préparait à parler.
- Admettons que cela soit vrai, je n’ai aucune idée de comment y accéder.
- L’artefact et le livre sont la clé, et selon les connaissances qu’on m’a cédées, la porte se trouve au sommet de la tour. Tu passes devant ! cria Helard.
- On ne peut pas laisser Cillian ici, il est blessé.
- Je m'en moque.
- Ne vous en faites pas pour moi, je survivrais, dit l’aventurier.
Il acquiesça, et ils prirent de nouveau la route entre les murs froids de la tour.
Ils progressèrent dans un silence tendu, chaque pas résonnant sur les dalles de pierre. L'homme habillé en noir tenait Feldon en joug, la lame à sa gorge scintillant dans la pénombre, son regard acéré promettant douleur au moindre faux pas. Altorn, malgré la peur qui lui nouait l'estomac, essayait de capter le regard de son ami, cherchant une stratégie silencieuse pour les sortir de cette impasse.
Alors qu'ils grimpaient les escaliers en colimaçon, la structure même de la tour semblait changer. Les murs n'étaient plus simplement faits de pierre brute, mais portaient maintenant des inscriptions luminescentes d’une époque oubliée, les symboles dansant sous leurs yeux, comme animés d'une vie propre. La magie dans l'air était palpable, un bourdonnement électrique faisant dresser les poils sur leurs bras.
- Tu vois, nous approchons, murmura l'homme derrière eux, un sourire malsain se dessinant sur son visage alors qu'il observait les symboles. Le pouvoir de mes ancêtres m'appelle.
Ils atteignirent finalement le sommet de la tour, où une grande porte en pierre massive se dressait devant eux. Des gravures complexes la couvraient, et au centre, une empreinte semblait attendre l'insertion de quelque chose.
- C'est là, dit l'homme, son excitation à peine contenue. Mets l'artefact dans l'empreinte.
L’historien hésita, son regard cherchant ceux de Feldon. Un faible hochement de tête de ce dernier lui confirma leur manque d'options. D'une main tremblante, il extraya l'artefact de sa poche, le positionnant avec précaution dans l'empreinte sculptée. Un déclic se fit entendre, et la porte commença à s'ouvrir avec un grincement lent et lourd, révélant une obscurité abyssale à l'intérieur.
- Après vous, dit l'homme, poussant le jeune homme devant lui avec son otage.
Ils pénétrèrent dans une vaste salle circulaire, où des torches s'enflammaient d'elles-mêmes à leur approche. Au centre de la pièce, un sarcophage de pierre était placé sur un piédestal, entouré de chaînes dorées qui flottaient dans les airs, comme suspendues par une magie invisible. Mais contre toute attente, le sarcophage était comme scellé.
- C'est absurde, il doit y avoir un autre moyen, murmura Altorn, chaque syllabe imprégnée d'une anxiété palpable
- Alors trouve un moyen ! dit-il en resserrant le couteau sous la gorge du vieil homme.
Une idée lui vint ; sous l'immense pression, il parcourut frénétiquement le grimoire, ses doigts volant d'une page à l'autre. Il s’arrêta net, son souffle coupé. Là, au milieu du livre, plusieurs pages auparavant vierges étaient maintenant remplies d'inscriptions étranges, des mots qui dansaient et changeaient de place comme s'ils étaient écrits en encre vivante.
Ces mots lui étaient étrangers, tracés dans une langue depuis longtemps oubliée. Cependant, alors qu'il les fixait, les lettres commencèrent à scintiller et, comme attirées par une force invisible, elles se réorganisèrent pour former des phrases compréhensibles. "Le cœur pur brisera le sceau, le sang du Gardien libérera l'âme."
Altorn dirigea son regard du sarcophage à Feldon, toujours menacé par la lame affûtée. Une idée audacieuse, dangereuse, lui traversa l'esprit. Sans un mot, il prit une profonde inspiration et plaça sa main sur la page lumineuse. Les mots semblèrent le brûler, mais il ne recula pas. Au lieu de cela, il ferma les yeux et murmura une prière silencieuse.
Une lumière aveuglante jaillit du grimoire, enveloppant la salle d'une aura qui frôlait le sacré. Le sarcophage se mit à trembler, les chaînes dorées claquèrent comme frappées par un vent surnaturel. Soudain, le spectre du Gardien émergea de l'ombre, fonçant vers Helard et Feldon. Pris de panique il lança le vieil homme en direction du spectre et se précipita en direction du sarcophage.
- Altorn, empêche-le de s'approprier le pouvoir ! s'écria-t-il, alors que le spectre drainait la vie de son ami sous ses yeux emplis de larmes.
Il se mit en travers de sa route, puis le bandit mit un coup de couteau le blessant à l’abdomen ; il s’effondra. Helard atteignit le cercueil, le cœur du cadavre encore intact émettait une lueur dorée.
- C’est ça, enfin ! dit-il en le prenant en main, le visage illuminé par la malice.
Le cœur doré se désintégra, fusionnant avec Helard, ses veines s'illuminant d'une lueur perverse. Ses yeux, auparavant humains, se révélèrent maintenant comme deux abîmes sombres, consumés par la puissance qu'il avait si désespérément cherchée. Son rire machiavélique résonnait dans la salle.
- Non... murmura-t-il. Malgré la douleur qui martelait son être, son regard restait fixé sur la métamorphose terrifiante s'opérant devant lui. Ça n'aurait jamais dû se passer ainsi…
Le Gardien, dans sa forme spectrale, se dissipa dans un tourbillon de douleur. Alors, Cillian émergea, vacillant mais l'épée en main, et se précipita au côté d'Altorn pour l'aider à se relever.
- Vite, on doit fuir !
- Non… je ne peux pas, murmura-t-il, sa main se posant instinctivement sur le grimoire.
La réalité autour de lui se brouilla, l'entraînant doucement vers un passé lointain. La sorcière criait, son corps secoué par les vagues intenses de la naissance. Puis l'enfant naquit, et la sage-femme le plaça dans les bras de la mère. Son visage, malgré l'épuisement, s'illumina d'un émerveillement sans pareil, puis dit :
- Gideon Barne, mon fils.
Soudain, ses yeux trouvèrent ceux d'Altorn, et elle murmura :
- Tu as le pouvoir, mon enfant, utilise le grimoire et écris ta destinée.
L'image de la scène commença à reculer, s'évanouissant lentement dans un tunnel de lumière évanescente, avant que la réalité ne le ramène brusquement, les contours de la salle du sarcophage se reformant autour de lui.
Son visage exprimait une vive surprise, il fixait le vide, les mots de la sorcière résonnant dans son esprit. "Écris ta destinée." Avec une détermination renouvelée, malgré la douleur qui le consumait, il ouvrit le grimoire à une page vierge. Cette fois-ci, il écrivait à l'envers dans le grimoire, ses mots se formant de droite à gauche. Il sentait une énergie étrange circuler à travers lui, chaque symbole inversé appelant une puissance mystérieuse.
Juste au moment où Helard lançait une énergie obscure vers Altorn, Cillian s'interposa, prêt à le protéger. Cependant, avant que le chaos ne s'ensuive, le temps commença étrangement à ralentir, et se figea, comme capturé dans une peinture. Puis, dans un spectacle surréaliste, le temps lui-même commença à reculer. Les actions se déroulaient à l'envers, les paroles étaient retirées dans le silence, et les mouvements étaient inversés. C'était comme si une main invisible rembobinait la bande de la réalité, ramenant l’historien au moment précis de l’incantation pour déverrouiller les chaînes.
- Bon, tu te dépêches ! cria l’homme en noir, toujours le couteau sous la gorge de Feldon.
- Oui, tout de suite, répondit-il, mais cette fois une lueur verte émanait dans ses yeux.
L'incantation résonna, et le sarcophage se libéra de ses entraves. Le Gardien apparut par derrière, le bandit poussa son otage sur le spectre. Mais cette fois, Altorn se trouvait déjà devant le sarcophage, le regard déterminé. Il leva le cœur haut dans les airs, une énergie bleue et dorée se propagea le long de son bras et s'infusa dans le reste de son corps, formant un bouclier lumineux autour de lui. À cet instant, l’aura malveillante qui enveloppait le spectre disparut, laissant une présence chaleureuse et bienveillante devant Feldon soulagé. Et, une énergie nouvelle s’installa dans la tour, comme une onde se propageant.
- Nooon ! C'est moi l’héritier, ce pouvoir m'appartient ! hurla-t-il, désemparé.
- Le destin, Moragan Helard, n'est pas un jouet des mortels. Tu es un simple grain de sable dans l'immensité du temps, proclama le Gardien, sa voix empreinte d'une sagesse éternelle.
La rage monta en lui, mais avant qu’il ne puisse faire quoique ce soit, il reçut un coup de pommeau de l’épée de Cillian, et s’écrasa au sol inconscient. Feldon quant à lui, était subjugué par la scène et écouta attentivement ce qui se passa. Le Gardien s’approcha ensuite d’Altorn.
- Le moment est venu pour toi de connaître la vérité, héritier de la tour.
Alors qu'il prononçait ces mots, une présence s'est manifestée à leurs côtés. Une voix féminine résonnait, douce et forte à la fois, et l’esprit de la sorcière apparut, sa forme éthérée oscillant comme une flamme dans le vent jusqu'à prendre forme.
Le Gardien, le visage émerveillé, les yeux brillants d'une joie mêlée de nostalgie :
- Melenwen, je ne pensais pas te revoir…
Son regard empli d'amour et de tristesse séculaire, elle répondit :
- Aerion, je ne pouvais trouver le repos en te sachant prisonnier ici, rétorqua-t-elle en lui tenant les mains. Nous aurons tout le temps de discuter, maintenant il faut le lui dire.
Elle se tourna vers Altorn, et fixait le jeune homme avec une intensité qui lui traversa l'âme.
Troublé par ces révélations et la soudaine apparition de la sorcière, il demanda :
- Que je sache quoi ? J’ai bien compris que vous êtes mes ancêtres.
Aerion, prenant la parole avec une gravité qui commandait l'attention :
- Mais ce n’est pas tout. En récupérant le cœur, tu as levé la malédiction, rétabli l’équilibre et les protections de cette terre. Ce pouvoir est bien plus grand que tu ne le penses, il m’a été fait don par une entité ancienne qui m’a donné pour mission de protéger la tour car, elle est l’un des piliers interplanétaires qui protège des forces obscures qui tentent de pénétrer les royaumes.
Altorn, luttant pour assimiler ces informations monumentales, répondit avec une voix chargée d'incertitude et de responsabilité naissante :
- Mais quel est mon rôle maintenant ? Et comment suis-je censé utiliser ce nouveau pouvoir ?
Melenwen s'avança, sa voix douce mais ferme, comme un baume :
- Tu as déjà vu mes souvenirs à travers le grimoire. En unissant ton essence à celle du cœur, tu t'ouvres à l'héritage et aux connaissances d'Aerion. Mais ne crains rien, nous serons là pour te guider jusqu'à ce que tu maîtrises les fondamentaux.
Aerion prit la parole, son timbre grave portant un poids d'urgence :
- Ensuite, tu devras faire preuve d'autonomie. Les choses arrivent vite, et de grands dangers approchent.
Il s'arrêta, son regard se fixant dans le lointain comme s'il pouvait voir à travers le voile du temps lui-même, puis posa une main sur l'épaule d'Altorn, ajoutant avec une conviction inébranlable :
- Les expériences et les souvenirs que je partage avec toi maintenant te donneront la force et la sagesse nécessaires. Tu n'es pas seul. Et même dans les moments les plus sombres, souviens-toi que la lumière trouve toujours son chemin.
Il marqua une pause, son regard intense fixé sur le jeune homme, puis conclut :
- Va maintenant, Altorn Barne, et ressens le flot de ta destinée qui pulse dans tes veines, car tu es maintenant le Gardien du Temps.
La quête du jeune historien, semée d'embûches et de révélations, trouve ici son épilogue, mais le chemin devant lui est loin d'être terminé. Héritier d'un pouvoir ancestral et gardien d'un secret millénaire, il se tient à l'aube d'une ère nouvelle. Des ombres se rassemblent à l'horizon, murmurant des promesses de chaos et de destruction. Armé de sa détermination inébranlable et guidé par les esprits de ses ancêtres, Altorn fait face à l'inconnu. Les défis à venir seront-ils des épreuves insurmontables, ou des opportunités pour forger une légende immortelle? Seul le temps, désormais sous sa garde, le dira.
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